VICTORIEN CAUSE
DE 50

50 – Samantha Barendson / Estelle Fenzy, éditions La Boucherie littéraire

Il me semble que la poésie à les attraits d’un genre littéraire qui peut le mieux épouser son fond dans sa forme. 50 en est une excellente démonstration. Samantha Barendson et Estelle Fenzy rabattent le vers poétique pour lui donner une qualité tout autrement moderne.

            Dans l’agencement des vers et des strophes qui défilent, il y a sans cesse cette frappe surprenante qui vient rompre avec l’écoulement. 

« Les feuilles d’automne

Ma sécheresse vaginale »

50 – Samantha Barendson / Estelle Fenzy, éditions La Boucherie littéraire

 

50 est un éclairage très bien mis et mordant ; les poésies romantiques se plaignent du temps défilant ; nos auteures font le constat de ses dégâts. Ce n’est pas pour autant qu’il n’y aucune nostalgie élégiaque, elle est seulement délicate, ne fait qu’évoquer sans rentrer dans un lyrisme trop présent ; le pathétique naît de la même manière que la poésie, par un sens de la formulation efficace.

             Il semble que le vers soit utilisé pour toujours retarder la chute, celle qui dérange sans aucune raison. Le jeu des cadences fait particulièrement ressortir le tabou ; l’on part du constat évident face au miroir pour atteindre ce qu’il y a de vérité universelle là-dedans. Cependant, il ne s’agit pas uniquement d’être universelle, mais bien de montrer, comme le laisse présager la quatrième de couverture :

crédits photo : Remy Fenzy

« Où sont les femmes… De cinquante ans ? »

            C’est avec beaucoup d’humour, en définitive, que les vers représentent des tableaux délaissés, pour autant avec fidélité et compassion.

            Je ne pourrais que conseiller de lire 50, d’y découvrir comment cette poésie prend sa vivacité, et touche du doigt sans insistance ces tableaux cinquantenaires.

VICTORIEN BUISSON

crédits photo : Vincent Moncorge