Le lampadaire et la baignoire / suivi de Majong de Tristan Blumel, éditions Abordo, 2022
Une poésie que Tristan Blumel dépose dans notre main pour qu’on puisse la contempler avant qu’elle ne nous glisse à l’oreille. L’auteur nous ouvre les yeux au cours de la visite d’un monde, qui, trop pétri d’habitudes, nous devient étranger. Presque comme dans une expérience de pensée, avec un « et si ? » d’une baignoire, d’un lampadaire, les mots semblent relever légèrement le voile du quotidien, pour nous laisser aller jouer avec les choses, et les trouver, les retrouver, enfin.
L’auteur semble nous souffler, dans une malice rose tendre que les mots font les choses et le monde « Montrer ce que l’on voit est un excellent moyen pour ne pas simplement donner à voir ce que l’on montre » Je pense que si la Terre prête l’oreille, elle doit être enchantée ! Tristan Blumel nous offre un beau cinéma, loin des artifices, qui nous donne envie d’habiter le monde à nouveau, enthousiasmés par les gouttes de vie, larmes de sourire, qui coulent de ses poèmes.
ELÉA DANNET
***
Il y avait un lampadaire
au coin de la rue
et une baignoire
dans la salle de bain
Soudain
les deux s’inversent
on se lave avec de la lumière
et l’eau nous guide
alors on se met des lampes frontales au
coeur
et des gondoles aux pieds
Ce curieux lampadaire
qui s’éteint au réveil
et cette étrange baignoire
au territoire limité
restent des objets d’emprunts
Mais donc enfin
on s’entend
nos larmes ne sont pas que de l’eau
l’extrême feu a d’inépuisables reflets
TRISTAN BLUMEL