Billie d’Amaury Ballet et Julien Liard aux éditions Maintien de la Reine, 2021
Quand la mer est à la fois l’ennemi et l’ami, quand elle empêche et quand elle sauve. Billie, une jeune fille de 20 ans veut fuir Port au Prince, la misère de son ghetto et l’intimité de son garage. Keron lui propose d’embarquer sur un paquebot et de voyager à l’abri des regards afin de rejoindre la France avec la complicité du commandant de bord. Billie « est au sein de la plus grande agence de voyage du monde….Armes, téléphones portables, logements sûrs, faux papiers, argent liquide, nous possédons tous les outils nécessaires pour mener à bien notre entreprise…Nous sommes le RÉSEAU. » Durant la traversée, elle parle , décrit et observe en prose. En vers, elle poétise et métaphorise sa traversée avec des mots cruels mais aussi tendres et innocents.
Croupissant dans cet espace réduit avec une mère et sa fille , Elea, elle comprend très vite comment cette dernière paye sa traversée. Elea est « l’illégal, le croque-en-jambe, le vaginal, celui dont les charognards se régalent. » Billie refuse d’abandonner la jeune fille à ce sort sexuel. Pour s’opposer aux hommes, elle va le payer cash. En plus des conditions exécrables de vie dans cet espace sale et sans commodités avec pour seule distraction le rythme des repas, rassurant puisque chacun d’eux la rapproche de sa terre d’exil.
« Un livre-Oxygène » comme le dit Jean D’Amérique dans sa préface. On cherche son souffle au fil des mots, au fil des vers, au fil des phrases. On cherche l’espoir d’une vie meilleure. Des personnages tournés vers un avenir mais finiront-ils par l’atteindre ? Une écriture simple, épurée mais puissante et touchante. Une réalité que le lecteur prend en pleine face !
CARINE GIUSTI